Le déni de la rigueur

Le déni de la rigueur

Le déni de la rigueur

Je ne suis pas le seul à le dire, et beaucoup de compatriotes le constatent un peu plus chaque jour. Déjà voici quelques mois, l’éminent éditorialiste du Point, Franz-Olivier Giesbert écrivait que les français n’avaient aucunement l’envie de prêter l’oreille à un discours de vérité. Il avait raison, et je le rejoins très largement sur ce dossier en regardant ce qui se passe depuis plusieurs semaines.

Bien que l’on ait dit souvent que la campagne de la Présidentielle était ennuyeuse, il y avait cependant des discours de candidats très intéressants. Entre autres, j’ai retenu celui de François Bayrou qui a décrit tout au long de ses interventions, la gravité de la situation et les mesures qu’il fallait prendre pour endiguer les difficultés présentes. Même constat pour celui de Nicolas Dupont-Aignan ou de Jacques Cheminade, tous deux parfaitement conscients des problèmes qui plombent la Nation, lesquels candidats ont apporté assez clairement leurs idées et leurs méthodes.

Résultats des courses : François Bayrou 9,13 %, Nicolas Dupont-Aignan 1,79 %, Jacques Cheminade 0,25%.

Ces trois candidats sont restés quasiment inaudibles dans leurs allocutions, et si le Président du Modem a fait toutefois un score honorable (bien que relativement faible), ce n’est pas à cause de ses projets, mais simplement en raison de la notoriété dont il jouit depuis longtemps.

En résumé, faut-il le dire sans détours, la vérité ne plaît pas aux français. Sans doute, parce qu’ils « vivent depuis longtemps dans une bulle où on les entretient et d’où ils ne veulent sortir sous aucun prétexte », selon les propres termes de FOG.

La bulle citée par Franz-Olivier Giesbert est celle qui convient parfaitement à un certain nombre de citoyens : beaucoup de droits mais peu d’obligations, souvent de très bons salaires, 35 heures de travail hebdomadaire plus les RTT, un train de vie important qui s’affiche autour de nous et au final personne ne pourra contester mes propos quand on regarde dans la rue les signes extérieurs de grande aisance (pour ne pas dire un autre mot) d’un grande nombre de français : villa de standing, résidence secondaire, voitures de luxe (entre 35 et 70.000 euros en moyenne), vacances d’hiver à la montagne, voyages coûteux aux fins fonds de la planète, etc … etc …

Bien évidemment, ces privilégiés de la société française pratiquent le déni de la rigueur, et c’est sans doute pour cela qu’ils ont voté Nicolas Sarkozy ou François Hollande avec une préférence pour ce dernier, le candidat socialiste ayant eu l’intelligence extrême tout au long de sa campagne, d’éviter le plus possible de parler de crise et de solutions réelles. Un discours qui a plu à la classe sociale française dont je viens de vous parler.

Alors m’opposerez-vous, il existe pourtant des citoyens qui souffrent dans ce Pays … Manifestement, je le sais bien ! Ce sont les sans-grade, les ouvriers, les petits commerçants ou artisans ou encore les petits retraités, sans oublier les exclus de la société. Mais ceux-là n’ont choisi ni Monsieur Sarkozy, ni Monsieur Hollande. Ils survivent tant bien que mal à leur misère, en silence.

En fait, la France a perdu le sens des réalités, et notre nation vit totalement dans un monde virtuel. Les français vivent volontiers dans un enfumage général provoqué par le système politique, qu’il soit de droite ou de gauche, avec l’appui plus ou moins conscient des élites, des médias et même des intellectuels.

Mais de toute manière, et quel que soit le Président qui sera élu le 6 mai prochain il faudra bien revenir le lendemain aux réalités du moment, c’est-à-dire essentiellement payer la lourde note et les arriérés du Pays, et à cet instant-là, chaque citoyen, d’une manière ou d’une autre, devra mettre la main à la poche … inévitablement !

Et croyez-moi, ni la droite ni la gauche ne pourront faire les cadeaux annoncés, et encore moins ceux qui prétendent encore aujourd’hui relancer la croissance en créant par exemple une multitude d’emplois publics comme nous l’attendons quotidiennement.

Quel non-sens et quel désastre de plus pour la France de demain et pour nos enfants !

Pierre-Alain Reynaud

Site internet : www.pierre-alain-reynaud.com

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Le billet grinçant de Pierre-Alain Reynaud

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Le plan Fillon : une rigueur d’opérette que nos voisins pourraient nous envier

Comme prévu, dans le perspective du budget 2012, le Premier Ministre François Fillon vient d’annoncer ce lundi un « nouveau tour de vis » de 7 milliards d’euros.

Si la situation économique et sociale du Pays n’était pas si inquiétante, on en rirait volontiers.

Mais rappelons brièvement les principales mesures prises par le gouvernement :

-500 millions d’euros seront économisés sur le Budget de l’Etat. Comment ?  et de quelle manière ?

-700 millions d’euros seront économisés au titre des dépenses de la sécurité sociale. Les malades peuvent se réjouir.

-500 millions d’euros supplémentaires vont provenir du programme de cession immobilière des administrations : la France vend peu à peu son patrimoine ; un jour ce sera la Tour Eiffel ou le Château de Versailles.

-Les niches fiscales seront réduites de 2,6 milliards d’euros d’ici à 2016. Belle promesse !

-L’âge de départ légal à la retraite passera à 62 ans en 2017 et non plus en 2018. A condition que l’on les moyens financiers de prendre sa retraite, et cela reste à prouver !

-La TVA à taux réduit passera de 5,5% à 7% sauf pour l’alimentation, l’énergie et les services destinés aux handicapés. La TVA à 5,5% dans la restauration, c’est donc fini.

De quoi ralentir un peu plus la consommation des ménages !

-Le prélèvement forfaitaire libératoire sur les dividendes et les intérêts sera porté de 19% à 24%. Pas assez !

-Le barème de l’impôt sur le revenu sera gelé en 2012 et 2013 jusqu’au retour en dessous de 3% de déficit public. Saupoudrage !

Autres mesures

-Question d’exemple, les salaires du Président de la république et des membres du gouvernement seront gelés jusqu’au retour à l’équilibre des finances publiques. Belle comédie !

-Le plafond de remboursement des dépenses de campagnes électorales sera réduit de 5%. Pas de problèmes pour les grands partis politiques !

Voilà donc la rigueur annoncée. Une rigueur d’opérette que nos voisins italiens, grecs ou espagnols pourraient bien nous envier !  « La rigueur en France, mais ça n’existe pas Monsieur ! »

Pour conclure, je rapporte ici l’excellent commentaire de Marc Touati (économiste chez Assya Compagnie Financière) sur LCI :

«On fait avant tout du marketing: il faut rassurer notamment les agences de notation parce qu’il est clair que si on ne fait rien on va être dégradé dans les trois prochains mois.»

«Avec ces mesures, normalement on devrait maintenir le ‘triple A’ de la France au moins jusqu’à l’élection présidentielle.»

«On fait du marketing pour dire : «on va le faire» mais l’essentiel des mesures va porter sur 2012-2013-2014, ça veut dire que le gouvernement actuel n’aura peut-être pas à les faire. C’est un peu dommageable.»

«Clairement, on oublie l’essentiel, c’est-à-dire le fait qu’il n’y a pas de croissance aujourd’hui. »

«Nous sommes au bord de la récession, on n’est même pas sûr de faire 1% de croissance l’année prochaine. Et à partir de là, tout ce qui est annoncé là, c’est bien joli (mais) ça risque d’être difficile.»

FIN DE CITATIONS.

Pierre-Alain Reynaud

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